Rencontre avec Emmanuelle Boizet, fondatrice des Éditions Finitude et Olivier Bourdeaut, auteur de "Florida".
Emmanuelle Boizet Olivier Bourdeaut © Sandrine Cellard
Créées en 2002 par un couple, Emmanuelle & Thierry Boizet, les éditions Finitude publient de la littérature, française ou étrangère, classique ou contemporaine, pourvu qu’elle soit bonne, au rythme d’une dizaine de titres par an. Parfois plus, parfois moins. La ligne éditoriale est on ne peut plus simple : le goût des éditeurs.
UN TRUC TRÈS BEAU
La Beat Generation c’est Kerouac, Ginsberg, Burroughs : trois écrivains qui allaient bousculer durablement l’Amérique. Mais l’étincelle, celui qui a mis le feu aux poudres, s’appelle Neal Cassady. Il est l’alter ego, le «frère de sang» de Jack Kerouac qui en fait le héros de « Sur la Route » et du reste de son œuvre. Il est charmeur, flamboyant et excessif, dans la vie comme dans ses lettres. Ces lettres fulgurantes qui impressionnent et enthousiasment. «Elles se rangent parmi les meilleures choses jamais écrites en Amérique» s’enflamme Kerouac qui s’en inspirera dans ses romans, allant même jusqu’à s’en approprier des pages entières.
Inédites en français, ces lettres étourdissantes font enfin entendre les propres mots de celui qui reste « l’âme de la Beat Generation » – parfois tendres et touchants, parfois insolents et délirants. Voici le véritable Neal Cassady, brut et intégral.
DERRIÈRE LES PANNEAUX IL Y A LES HOMMES
Pierre a tout abandonné, il vit dans sa voiture, sur l’autoroute. Là où sa vie a basculé il y a six mois. Il observe, il surveille, il est patient. Parmi tous ceux qu’il croise, serveurs de snack, routiers, prostituées, cantonniers, tout ce peuple qui s’agite dans un monde clos, quelqu’un sait, forcément. Week-end du 15 août, caniculaire, les vacanciers se pressent, s’agacent, se disputent. Sous l’asphalte, lisse et rassurant, la terre est chaude, comme les désirs des hommes. Soudain ça recommence, les sirènes, les uniformes. L’urgence. Pierre n’a jamais été aussi proche de celui qu’il cherche. Joseph Incardona mêle les genres avec habileté et réussit un roman profond et ambitieux. Son style puissant et son art très cinématographique de la narration font mouche.
JÉRÔME
Obsédé par Polly, la jeune fille qu’il croit aimer, Jérôme Bauche se lance dans une quête hallucinée à travers une ville étrange, un peu Paris un peu Saint-Petersbourg. Tel Dante, il s’enfonce irrémédiablement vers l’enfer, et nous y entraîne avec lui. De gré ou de force.
« Ne pas se laisser aller à la nostalgie de l’amour et des caresses, car alors on est foutu. »
En 2018, Jérôme a 40 ans et on commémore également les 25 ans de la mort de Jean-Pierre Martinet. Pour marquer ces anniversaires, nous publions une nouvelle édition de Jérôme (la dernière, parue 2008, était épuisée). En manière d’hommage, la couverture est orange, le même orange que celui choisi par le Sagittaire pour l’édition originale de 1978.
EN ATTENDANT BOJANGLES
Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
L’optimisme des comédies de Capra, allié à la fantaisie de L’Écume des jours.
H.D. THOREAU - JOURNAL 1841-1843
Lorsque le 22 octobre 1837 Henry David Thoreau débute la rédaction d’un journal, il a vingt ans ; il le tiendra jusqu’à sa mort en 1862. Ce Journal, par sa taille (près de 7 000 pages) et par son contenu, constitue une œuvre littéraire absolument unique. Tout à la fois manifeste philosophique, recueil poétique, précis naturaliste ou manuel d’ethnologie, il est avant tout un document passionnant sur la vie quotidienne et intellectuelle dans les États-Unis du XIXème siècle. On y trouve exposées, à travers son regard contemplatif sur le monde, toute la pensée de Thoreau et la matière brute de ses ouvrages, de Walden à la Désobéissance civile. Œuvre majeure, ce Journal est souvent cité comme un des piliers de la culture américaine et comme le grand texte fondateur de l’écologie.
Sur les sept mille pages du Journal, à peine deux cents pages d’extraits avaient été traduites en français. Aujourd’hui, les éditions Finitude prévoient de publier cette œuvre dans sa totalité en quinze volumes.
ZÉNITH-HÔTEL
« Je suis une pute de rue. Pas une call-girl ou quelque chose comme ça ; non, une vraie pute de trottoir, à talons hauts et cigarettes mentholées. »
Elle est directe, Nanou, pas le genre à faire des manières, non, pas le genre à se voiler la face, à se faire des illusions sur sa vie ou sur celle de ses clients. Elle est juste là pour donner un peu d’amour, et eux sont là pour en recevoir. Dominique, Emmanuel, Victor, Luc, Jipé ou Robert, ils ne demandent que ça, un peu de tendresse, histoire de se fuir un instant, histoire de vivre un peu. Une galerie de portraits attachants, sincères, de petites gens aux prises avec un monde trop grand pour eux. Pas de grands destins, tous ici sont un peu mal fichus, un peu cassés, pas très beaux ni très brillants, mais Oscar Coop-phane, en digne petit-cousin de Bove ou de Calet déborde d’affection pour ses personnages. Et elle est belle jusque dans ses faiblesses, cette humanité-là.
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